Tic-tac

Tic tac. Les heures s’égrainent lentement ;
Dehors le jour cède sa place à la nuit
Dimanche s’achève et l’angoisse me prend.
Comment freiner des quatre fers jusqu’à lundi ?
Je m’affaire agitée puis mollement je me love
L’agenda s’ouvre comme un jour grillagé
Prisonnières, les heures d’un samedi souriant
Finissent pleureuses logées dans leur alcôve
Tournant plus vite qu’une roue de vélo usagée.
D’où vient ce sentiment fort désagréable
Que demain peut exister sans vie ou sans essor
Qu’il suffit d’un stylo soit plein, soit effaçable
Pour que la pendule n’affiche que minutes indolores ?
D’où provient ce pénible compte-à-rebours
Qui tinte strident à me fracasser les tympans
Avec ces hier si pleins, ces demain imminents
Mais l’entre-deux s’excluant à l’approche du jour ?
Comment expliquer ce vague à l’âme puéril
Qu’un doudou molletonné suffirait à réconforter ?
Comment écrire ce qu’il doit advenir quand au fil
Tu t’accroches, tel un péril qui pourrait t’emporter ?
Comment vaincre en franchissant le pont
Au zigzag trébucher, redoutant de chavirer
Sans porter préjudice à mes futures saisons
Ne pensant que, de quatre hivers, elles seront ?
Voila c’est très con. 22h : j’ai le blues du nourrisson.
Je chiale pour un oui et surtout pour un non.
Je tire des plans sur la comète et je plane.
Aucun sourire ne s’arrache, mon humeur kleptomane
Me vole jusqu’à l’espoir sain que demain sera
Au mieux un jet de dés, au pire un illusoire aléa.
Aucune espèce d’envie rigolote ne m’emplie
Je me désole du bof quotidien et des corvées en pile
Je vois dossiers à rattraper, repasse des mauvais plis
L’urgence à être, planifier, ainsi soit-il
Les missives attendues, les factures impayées.
Les devoirs d’un fils
Que je corrige in extremis…
Les vases d’eau stagnante, de trop lointains bouquets.
Tu sais, toi Dimanche, comment te rabattre le caquet ?
Quel est le sombre con qui a inventé le calendrier
En oubliant d’y inclure en option la huitième journée ?…