Présidentielles 2017
La simple citoyenne se range au constat général que le duo des prétendants au poste de Président de la France a tourné, dès les premières secondes, au spectacle caricatural. Quelle gêne profonde d’avoir été témoin d’un affrontement de personnes au détriment des idées, que deux journalistes fantomatiques n’ont pas réussi à arbitrer. Tout au long de la campagne, je me suis efforcée d’écouter, de lire, de soupeser chaque programme.
J’ai cherché le préalable à la fonction présidentielle : parler à tous, défendre chaque citoyen, entendre une vision sociétale, expliquer que les clés de la réussite collective passe par l’engagement individuel, DÉFINIR PRÉCISÉMENT UN BUDGET QUI DÉPASSE L’INTENTION AU PROFIT DU COMMENT FAIRE. Est-ce si compliqué d’établir un tableau à double entrée avec en ligne de mire l’intérêt général ?
Au soir du premier tour, mes convictions déjà bien ramollies ont cédé la place à un choix de fortune.
Le constat est amer.
Et l’autre soir, je n’ai vu qu’un jeu de pouvoirs malsain où le calcul tactique finit inexorablement par desservir la cause. La France est multiple, c’est à la fois une chance et un piège. La démocratie, suite aux Primaires inutiles, nous donne à « choisir » quelqu’un qui, de toutes manières, aura besoin des autres pour entreprendre. C’est même le sens de la vie et le quotidien de nous tous. La décision politique n’est plus dictée par l’obsolète clivage droite/gauche. Une avancée qui me réjouit, si elle n’avait pour l’instant que bien maigres alternatives : pour ou contre l’Europe, le repli ou l’ouverture…
Faute d’un ping-pong entre projets pragmatiques (qu’on espérait argumentés et construits), un simulacre de débat a pris place entre deux enfants qui se disputent un juteux bonbon. Taisant à leur maîtresse leur ancienne bêtise. Cherchant à cacher dans la pile désorganisée leur ignorance des sujets. Tentant d’échapper à la sanction en dénonçant les manquements de l’autre. L’affrontement pathétique de cet entre-deux tours n’avait rien de politique, et tel qu’on nous l’a proposé, n’a eu strictement aucun intérêt, à part celui de mettre en lumière les racines du mal, d’élever l’agressivité comme rempart à la vacuité et nous conduire au mieux à un vote de raison au pire à l’abstention. Je me suis sauvée de ce duel cathodique, juste à temps, pour n’en garder malheureusement que le pire. A qui confier raisonnablement les clés de la maison France ? La réponse était déjà pliée avant que le débat ne tente d’y répondre. Conclusion, il faut éliminer au profit du moindre mal.
Et puis ce choix poussiéreux du face à face assis, sérieux, les gars ? On se serait cru à la table des négociations où le minoritaire « non » sclérose le majoritaire « oui »…Une erreur grossière de mise en scène à défaut d’être une tactique misérable pour exciter la joute, enthousiasmer les bas de plafonds qui jouissent au moindre jet de vipère et désoler le reste du monde qui nous contemple, avec une routine tellement lassante qu’elle en devient injustifiable. Les commentaires de la presse au lendemain se sont rétrécis aux seules punchlines, au détriment du projet de fond, que certains considèrent comme ayant été définitivement touché. Parfois c’était rigolo. Parfois. Mais qu’il est incertain notre lot de consolation !
Oui, j’irai voter dimanche. Bien-sûr que j’irai voter. Avec un bulletin de désolation alors qu’il m’aurait sied, bordel, qu’il soit un vote d’adhésion. J’irai voter En Marche. Mais en marche arrière.
L’avenir de notre pays, dussions-nous choisir par défaut, passe aussi par la conscience de chacun. Car qu’avons-nous à donner à la société d’abord avant d’en réclamer un quelconque retour ? Comment allons-nous aider le sorti des urnes, dès lors que dès le lendemain, s’il est élu, il sera pris au piège mathématique d’une majorité parlementaire dont il reste à définir les contours ?