Que signifie être française ?
Je ne m’étais jamais posée la question !
Pour définir ce qu’est « Être français » il me semble nécessaire de passer par plusieurs filtres pas nécessairement exhaustifs : la loi, la citoyenneté, la linguistique, l’histoire, la culture, les valeurs, le mode de vie, la géographie, la filiation, le comportementalisme…Je vais tenter de classer ces critères entre eux pour vérifier en quoi je suis française.
Tout d’abord, je suis française parce que je suis née en France. Ma carte d’identité l’atteste. « Être français » se prouve, c’est une vérité. Hahaha.
Je suis française parce que je parle le français. Je le parle et je l’écris. J’adore les mots français, leur richesse, leur puissance, leur signification variable, leur sonorité reconnaissable parmi tant d’autres, leur pouvoir…
Je me sens française parce que j’habite en France et que j’aime mon pays. J’aime en partir de temps en temps mais j’adore y revenir. C’est mon « chez moi », territorialisé dans le monde. Et quand je voyage, j’aime l’idée que j’embarque avec moi un bout de France…
Je suis française parce que j’appartiens à un pays de culture et dont l’histoire et les idées philosophiques et intellectuelles spécifiquement françaises ont été source de progrès et de liberté, idées que je partage, que je fais mienne et qui m’ont aidé à me construire en tant qu’une personne de conscience.
J’adhère aux valeurs de mon pays, en particulier la raison et la liberté puis la fraternité, l’ouverture, la solidarité.
Je suis française dans une Nation française accueillante qui respecte toutes les personnes, toutes les religions, tous les contrastes.
Je suis française parce que je pratique aussi ce que les étrangers appellent « l’art de vivre à la française » : plaisirs de la cuisine, de la mode, des débats, de la culture, des chansons, des différentes traditions régionales.
Je suis française parce que j’ai conscience qu’il existe des savoir-faire typiquement français.
Il faut bien admettre aussi qu’il y a chez les « français » cette forme de légèreté et d’insouciance, d’hédonisme teinté de sagesse et, c’est vrai aussi, malheureusement, de prétention. Le français se moque. Et la façon qu’il a de le faire lui est propre, intrinsèque. Être français c’est avoir ces traits de caractère…
Je suis d’accord avec cette phrase : « Être français, c’est se percevoir comme tel, ensuite être perçu comme tel ». Au risque d’être résumé à de simplistes clichés : la baguette, le béret, les convenances, Paris…Mais quel autre pays n’est pas empreint de clichés ? Il faut un socle commun pour une définition.
Par ailleurs, comme tout ce qu’il m’est permis de faire en France, je pense pouvoir le faire dans d’autres pays libres…Donc, être française n’est pas forcément lié à mon pays de résidence ou de naissance. J’en déduis que je peux être française partout dans le monde entier (sauf peut-être dans les pays qui réduiraient ma liberté à néant, qui m’interdiraient de voter, de m’habiller comme je veux, de plaisanter, qui m’interdiraient de me revendiquer française…).
En ces temps troublés, la question de « l’identité française » est malheureusement souvent galvaudée, parfois séquestrée ou rétrécie par une idéologie nationaliste, raciste ou xénophobe.
L’identité française est en réalité en perpétuelle construction. Sa définition provoque à l’heure actuelle des discours contradictoires, argumentés mais tendus sans qu’on sache au fond s’il suffit de nommer quelque chose pour la faire exister et surtout la faire perdurer.
Car être française en France a-t-il encore un sens dans un monde ultra connecté aux frontières si disputées et fragiles ? Si quelqu’un me disait : « Demain, tu ne seras plus française », en serai-je affectée ? Je le crois, sincèrement…
« Être française » renvoie à la notion de l’identité française qui s’est bâtie à la suite de grandes étapes historiques en s’appropriant, notamment, des symboles (le drapeau bleu/blanc/rouge, l’hymne national, le coq…) codes qu’il est bien difficile de déceler dans l’Union européenne aujourd’hui.
S’il m’est possible de me sentir citoyenne du monde, j’ai bien du mal à me sentir « européenne ».
De plus, la question de l’identité nationale est discriminante parce qu’elle conduit à classer celui ou celle qui est français de celui ou celle qui ne l’est pas. Celui ou celle qui veut être français de celui ou celle qui veut l’être qu’à certaines conditions…
Or, pouvons-nous n’être qu’un « peu » français, « demi-français » ?
Moi je me sens complètement française mais je peine à trouver des arguments scientifiques qui le prouvent.
Être française, c’est finalement plus que jamais un consentement, une volonté, un état d’esprit, une communication, un sentiment, une subjectivité qui prend le pas sur le factuel.
C’est un savoir-être. Qui n’est commun à rien de comparable.